sy!

Astrologie.
Pourquoi parler de chance alors que tout n’est qu’évidence
En long ou en large quelque que soient les propositions
Comme si rien n’était trop haut
Pourquoi renoncer aux hauteurs alors que le bas a fini par nous dégoutter
Finirons-nous par comprendre que…
(quelques aphorismes ou presque)
on peut accepter sans renoncer
la distance n’est pas l’éloignement
la répétition n’est pas la vérité
nous ne sommes pas les autres
(…)
Nous ne cherchons qu’à nous convaincre, mais personne n’est dupe
nous pourrions convoquer les ascendants
les lunes en venus, mars en été
comme autant de raisons implacables
justifions, d’un bout de la page à l’autre
nous voulons finir alors que tout commence
nous nous mentons pour mieux tout se dire
pris dans le flot de mots comme un ouragan
prêt à bondir à la moindre aspérité
nous oublions l’essentiel
nous oublions même les banalités…
— Tout est à réinventé —
Et si nous ne parlions que d’amour ?
Et si pour une fois nous pouvions y mettre une majuscule…

Ce n’est toujours qu’histoire de cesser d’être idiot

Adventices.
Combien de portes, trop peu de choses
et je ne vois que moi
combien de temps, trop peu d’archives
et je ne sais que moi
je m’enfuis, si loin du lit
dans des montagnes enneigées
sans craindre le froid
quand mes mots, n’ont plus ce qu’il faut
que mes bras ne serrent pas
quand d’en haut, on me voit si bas
comme si loin de toi
mais dans le pré j’irais me couché, puis te cueillir des bouquets
loin des orties, des ronces et des Amarantes réfléchies

Combien d’espace, trop peu d’inattendus
et je ne parle que de moi
combien de couche, trop peu de garanties
mais je n’écorche pas que moi
je m’enfuis, si loin d’ici
près de rivières déchainées
sans craindre l’humidité
quand ma peau n’est plus qu’abrasive
que personne n’est là
quand d’en bas, on me voit faux
comme si loin de moi
mais dans le pré j’irais me couché, puis te cueillir des bouquets
loin des orties, des ronces et des Plantains élevés

La déprime de Catherine Laborde.
Elle pleure dans son lit
Sur le sens de sa vie
« je ne sers plus à rien »
La dépression gagne du terrain

Besoin de calment
Pour dormir comme avant
« Je suis complètement stone »
Replis de l’anticyclone

L’avenir y’en a pas
Pas dans cet état là
« Tout est nul tout est vain »
Front orageux pour demain

Elle pleure dans son lit
Pense qu’elle a trop vieillie
« J’suis bien qu’sous les couvertures »
Net chute des températures

Elle dit que c’est la fin
Qu’il n’y aura plus de demain
« j’n’ai aucun talent »
Quatre à Clermont Ferrant

J’voudrais bien l’aider
Mais j’me fais remballer
« casse toi at’ciao »
Dix sept à Ajaccio

Elle voudrait s’en sortir
Ou p’tet en finir
« la vie j’veux qu’on m’l’ôte »
Violent orage sur les côtes

Elle veut plus voir le soleil
Elle veut plus qu’on la réveille
« je déteste les matins »
Ouragan pour demain

Elle s’enferme dans sa chambre
Veut pas qu’on la dérange
« ma vie est une prison »
Y’a vraiment plus de saison

Elle dit n’importe quoi
Juste pour s’faire mal comme ça
« j’suis une merde, j’veux mourir »
Samedi sera pire

Moi ça m’énerve
Parce que je crois en elle
« toute façon t’es un salaud »
Moi j’crois plus la météo

« toute façon t’es qu’un salaud »
Mais j’aime plus la météo

[texte de 2005]

Cérynie.
Sous le regard des biches, je reste allongé
je sens leurs yeux dans mon dos
elles m’observent avec gourmandise
elles voudraient partager ma pitance
gouter comme moi, au divin miel
qui coule le long de mes lèvres
et que je savoure avec application
égoïstement, je n’accepte aucun partage
plein d’espérance
les jambes coupées pourtant
je me repais
je me nourris à la source
avec appétit je déguste
je sens leur impatience
moi j’ai tout mon temps
j’apprécie le moment
du bout de ma langue au fond de ma gorge
le nectar me nourri, me redonne vie
je ne sais pas si un jour je serais rassasié
pour l’heure ma faim est sans fin

Le Roul.
Je me laisse aller comme invincible
protégé, surveillé,
il ne peut rien m’arriver
invulnérable suivi de prés
on veille sur moi
on recherche mon confort
je me laisse bercer
prêt à s’envoler
je ne m’économise plus
indestructible, prêt à n’importe quel face à face
aucun combat pour lequel je ne sois pas de taille
besoin d’aucune arme, je ne m’abaisse pas à ça
l’altitude est mon alliée
huit cent mettre au dessus de tout
je vois les choses de haut
je vois les choses de loin
d’ici tout est plus simple
d’ici tout est plus saint
plus tard j’irais dormir au buron
rejoindre le calme, reprendre des forces
loin du monde je glisserais
laissant à d’autres les mêlées et le tumulte,
la vitesse et l’agitation
et tendrement accompagné
je pourrais rêver enfin.

Dame Souveraine.
ainsi à ceux qui aiment, seul souffrir convient
Comme une pile vidée et même pas rechargeable
respecter les polarités + et –
un peu trop ambitieux
plus au fait des réalités
comme si le dessin prenait vie
que devrait-on faire ?
faire ce que l’on a dit
ou l’inverse
toute la nuit sans dormir
je m’intoxique
la tête en conflit avec le corps
tout devient laborieux
plus rien ne suit
mais faire démarrer la chaine
les grandes usines
la grande cheminé fume déjà
visible à deux jours de marche
pourtant
comme dans un bunker, terré vivant
fenêtres muettes
mes yeux se perdent
dans des vallons inaccessibles
des collines imaginaires
j’aurais beau tendre les bras
rien n’est abordable
alors je mets tout en place sans y croire vraiment
comme un château de cartes sur des sables mouvants
je détaille chaque instant
m’applique aux contours
je sais ce que je ne t’ai pas dis
je l’ai tant répété à d’autres plus sourdes que toi
nul attrait, recommencer une dernière fois
et puis non, s’arrêter en chemin
débarrassé de tout enjeu
quand ai-je cessé de trouver ça plaisant ?

Persons & Machinery.

Perdu dans des montagnes
confondant le jour et la nuit
pour de vaines sueurs
l’empreinte des géants
le gout de l’exploit.
Sans urgence encore
en papillon ou coulée
sans Jean
je brasse, je mêle, je terre
je barque, je jôle, je tends
et sinon, Möbius’s rules,
toujours sur les chevaux de bois
comme errant dans le monde
au bord de la ligne
à peine masqué
je regarde l’adversaire
au loin
creuser de larges fossés
il a peur que j’atteigne ses remparts
j’aime sa bienveillance
j’en serais presque flatté
à croire qu’il n’a même pas remarqué
que le moindre vent me fait vaciller
si je bouge je tombe
je sais que l’affaire est faite
jugée pliée scellée
les déménageurs bretons sont à pied d’œuvre
aucun moyen de faire appel
je reste dans les cartons

Indexée.
Et comme ici tout est calme
je pourrais faire du bruit
aérer renouveler l’espace
m’agiter un peu plus
déplacer l’accumulation de tout et de rien de la table,
une vieille boite de sucre, de vieux libés, une boite de café, une bouteille d’huile, deux assiettes sales, des couverts, deux mugs noirs, une bouteille de coca vide; des enveloppes déchiquetées, des miettes, un pot de yaourt, une pile de dvd, une pile de cd, un Larousse de poche, des tas de rien…
Je pourrais…
Mais je vais me coucher…

Collodi.
Elle dirigeait ma vie
régnant sans partage son mon agenda
me détournant à la moindre urgence
anticipant mes moindres gestes
s’enquérant des états, des progressions
réglant les détails pour mieux me laisser insouciant
décidant de mes mouvements
comme tirant d’invisibles fils
et moi toujours obéissant
doigt sur la couture
répondant inlassablement présent
s’inquiétant des mes écarts
surveillant mes retards, mes détours,
mes lenteurs ou mes courses folles
dessinant de gestes amples
à grand coup de pinceau, sur des cartes
des itinéraires, des grands axes hors saisons,
perdu sans le son de sa voix
comme errant sans but sur d’interminables routes
dispersé, affolé, une fourmis sous une loupe
qu’importe le parcours
elle dirigeait ma vie

Le Sapeur.
un jour de plus
un jour en plus
ce petit quart qui s’ajoute
comme un poid
puis libéré
pour rattraper les révolutions
qu’il faut liquider
un jour de plus
mais pour rien
comme si l’on ne comptait plus
plus rien de compte
un jour de plus
un jour de rien