sy!

Ornicar.
S’il faut refuser quelque chose autant que ce soit l’offre que l’on ne peut pas refuser. Ce que l’on veut, ce que l’on peut, l’un avec l’autre, l’un sans l’autre, l’un ou l’autre, opérateur booléen de malheur. TRUE, slash, FALSE.
Refuser poliment.
Taper la cigarette sur le cul du briquet.
Soupirer.
Regarder en l’air.
Regretter le temps de compter jusqu’à trois.
Un hippopotame,
Deux hippopotames,
Trois hippopotames.
Allumer enfin la cigarette
Mettre le briquet au fond de sa poche.
Evacuer la fumée par le nez.
Partir le cœur léger en sifflotant.
Rien ne mérite les regrets.

Léthargie.
Je n’ai pas assez dormi pour oublier où j’étais couché
pour que mes yeux, même dans la pénombre, ne reconnaissent rien
pour que mon bras tendu ne trouve plus mes lunettes
pour que je ne sache plus où lire l’heure
où allumer la lumière, où faire taire le réveil
pour ne plus savoir où mettre mes pieds,
où me diriger, quels pièges éviter
je n’ai pas assez dormi pour oublier
je n’ai pas assez dormi.

Benjamin Parker.
& pendant ce temps je rédige des monographies
des histoires pour chercheurs en quête d’amusement,
plutôt que de contrôler des domaines
ou d’être dans un protocole dynamique
plus besoin d’adresse, je reste statique
fumant à la fenêtre du troisième étage,
je regarde la passerelle plus bas
je vois deux clowns gesticuler
pendant qu’un lance de l’essence sur des feux
l’autre tente de détourner l’attention avec son drôle de chapeau
et son nœud papillon qui fait jet d’eau
on le reconnait pourtant sous son masque,
sous ce maquillage grossièrement dessiné
parfois, tel un prédicateur, il sort de sa poche un porte voix
pour haranguer les passants qui détournent le regard
il hurle un laïus incompréhensible
verbiage sans sens
comme s’il collait des mots les uns aux autres
totalement aléatoirement
« ha la la la la, la fin du monde est à sept heures les petits enfants
Saluer dans la terreur, attention au procédulatif de tous crins
Car il ne faut pas dans les entrelacs mêlés géré la palouille sans pression
Et j’en appel aux distincts et au reste dans le bon sens commun de l’union…
Pendant ce temps l’autre clown pourtant plus grand
essaie de ce faire tout petit
il ne parvient plus à dissimuler la fumée
alors il lève les yeux en l’air en sifflotant
puis pointe du doigt un arbre
l’accusant d’avoir mis le feu,
la fumée commence à arriver à mon étage
elle me pique les yeux
je ferme la fenêtre
pas d’humeur à sauter.

Beta 0.3
&
puis
d’un coup
voilà
que je
ne
sais
plus
rien
comme
constamment
renvoyé
à
la
ligne
¶

Faites descendre.
Essaier d’oublier un peu, les inquiétudes, le quotidien
en absence, en vacances
en abstinence
tout les jours dimanche
tourner en rond seul, plus de meuble pour obstacle
de grands espaces clos, tout est fini
plus d’épaisseur
je me rappel du gâchis, de la rage
je n’irai pas plus loin que là où porte mon regard
je ferais du bruit pour combler l’espace
je profiterais de la réverbération
tenterais de la transformer en larsen
puisque tout est courbes sinusoïdales
courbes imparfaites et pourtant tant rêvées
quelque soit le temps
j’ai murer les fenêtres
plus de braise, plus de pirate
mais que reste-t-il ?
la distance, les regrets,
aujourd’hui tout n’est plus qu’ordure
que mots sans volute
que ricochet que retour de service
mais quelle importance
puisque personne ne le sait mieux que moi
personne ne sait que la nuit je…
mais évidemment
Au matin je reprends connaissance

Ire.
Un jour nous n’auront plus la patience
pour un mot de trop,
une malheureuse phrase
nous ne contrôlerons plus notre bouche
pourtant
les mots ne dépasseront pas la pensée
enfin elle sera libérée
cela sera violent
cela sera inconvenant
des mots bruts
des phrases définitives
il en sera fini des politesses
des acquiescements en silence
de la bonne figure
du poing dans la poche
le flot sera libéré
un débit ininterrompu
une colère saine
une indignation incontrôlable
qui tranchera de notre mutisme habituel
comme épris de justice
nous claqueront la porte
pour ne plus jamais revenir.
(après avoir éventuellement fracassé quelques pièces de mobilier)

Nazim, Tarek, Wahid, Ahmed & Anouar.
Curieusement
las des constats, des questions
du quotidien et du rocambolesque
le conteur s’est tût
il n’a plus d’histoire
le soir à la veillé
il regarde simplement le jeu des flammes
les ombres dansantes
le crépitement comme seule musique
il laisse à d’autres les intrigues et les péripéties
son théâtre de fantômes est fermé
il laisse reposer ses personnages dans un coin de sa tête
ils ont finit par le lassé
il n’a plus rien à leur faire vivre, il n’a plus rien à leur faire dire
leur petite voix l’insupporte
il ne veut plus les entendre, il ne veut plus les voir
il ne les aime plus,
alors il s’est simplement tût
il n’a plus d’oreilles à combler
elles sont parties écouter d’autres chants
parfois il pense à tout ses yeux braqués sur lui
aux bouches béates qui mangeaient chacun de ces mots
aux rires, aux larmes, aux peurs, aux pleurs
mais rien ne lui manque
désormais il préfère simplement la solitude et le silence
au fond du lui
il aimerait vivre les aventures qu’il a racontées
il aimerait les sortir de sa tête
qu’elles prennent enfin corps
être le personnage d’un autre
mais aujourd’hui dans l’obscurité
le conteur s’est tût

Mouvements circulaires.
Soudain quelque chose m’étonna, c’est étrange mais à ce moment précis tous les objets autour de moi et qui grâce à quelques courants que ce soient, sont en mouvement tournent. D’ici j’entends les ventilateurs de l’ordinateur, un pour le processeur, un pour l’alimentation électrique et quelques autres pour les disques durs (qui eux aussi tournent mais cela ne se voit pas et s’entend à peine), je ne sais pas s’ils tournent tous dans le même sens et à vrai dire cela n’a pas d’importance. Derrière moi je sais que deux aiguilles tournent, une plus vite que l’autre, elles tournent pour me dire que je dois manger dormir ou me lever. Sur ma droite la machine à laver pleine d’eau se démène pour rendre mes t-shirts propres, elle est de plus en plus bruyante à chaque utilisation, comme si la crasse que je dépose sur mes vêtements l’usait, comme si elle voulait me faire savoir son mécontentement, mais je l’ignore je la gave toujours un peu trop, je ne peux m’empêcher de me salir, de transpirer, de prendre la poussière.
Pour être bien dans mon univers, pour être en harmonie avec les choses qui m’entourent, j’ai mis ma chaise dont le dossier est tombé, qui est donc devenu un étrange tabouret, je l’ai mis au milieu de la pièce. Je me suis assis puis moi aussi j’ai tourné. Dans le silence bruyant du quotidien, pendant que la machine effaçait les traces, que les ventilateurs rafraichissaient, que les aiguilles tournaient grâce à de minuscules rouages, je tournais sur ma chaise pour tout oublier, pour perdre la tête, pour être ivre, pour ne plus rien voir, pour perdre l’équilibre…

Météo.
Les jours rallongent déjà peu
Le soleil semble avoir décidé de revenir
Pour vérifier si par ici les choses ont changés
Il risque d’être déçu, mais je doute de sa rancune
Que va-t-il trouver ?
Les mêmes histoires, encore un peu plus noires
Une armée d’hombre en marche, la tête base trainant des pieds
Les mêmes visages dénués de la moindre expression
Des yeux vidés d’étincelles
Et même pas de pain dans les poches
(…)
Je n’y arrive, plus les mots ont lâché le clavier, tout ce qui sort de mes doigts n’est que banalité, il fait beau, il pleut, les temps changent même quand ils sont durs, ça serait mieux si c’était un peu moins pire, et inversement… qu’importe pourvu qu’il y est du pain puisque cela en est fini des jeux.
Le talent on nait avec ou pas, dans le meilleur des cas on peut tenter de le cultiver (Pour mémoire « sans travail le talent est une sale manie« ), il y a longtemps que je ne me questionne plus sur le mien, à défaut j’avais l’inspiration et voilà qu’elle m’a quitté, je tente depuis plusieurs semaines de faire une compilation d’hiver en vain, je n’ai pas d’idée ça ne vient pas, je suis sec, pas la moindre idée, pas le début d’une, juste quelques vaines tentatives vraiment pas brillantes…
Du coup j’attends, oui quand on culpabilise de ne rien faire on dit ‘j’attends’, je m’aère fonctionne également. En fait je glande en surfant sur internet ou en regardant des séries Us. Et je me dis que peut-être un matin, me lèverais-je et hop ! L’inspiration sera revenu, je ne lui demanderais rien, peu m’importe si entre temps elle en a aimé un autre, si pour un autre que moi elle a rempli des pages blanches, je serais tellement heureux de la revoir, que j’aurais déjà oublié qu’elle était partie…
En attendant ce jour, forcement béni, pour une fois j’ose le dire :
Je ne fais rien.

Golden Time.
Je devrais me confesser, dévoiler de mes secrets, raconter que dans l’obscurité, rien ne m’endort, au contraire réveillé comme paré sans laissé aller, j’oublie la pureté, je laisse des instincts prendre le contrôle de moi, dur et doux à la fois, dans un linceul de soie, je saisi à pleines mains des rondeurs, j’enlace, j’empoigne, j’embrasse, j’emporte… Obsédé par la pomme, dont mes doigts dessinent le contour, je la porte à la bouche, savoure sa peau rougie, mon souffle s’accélère, mon sang tape dans mes tempes, l’univers peut céder, exploser, se disloquer, plus rien ne compte…