sy!

Dans la chaleur de l’été
réveillé en pleine nuit
comme s’il faisait grand jour
un étrange silence
enfin des chants d’oiseaux
pas un souffle de vent
aucun air ne circule
il ne reste qu’à imaginer la fraicheur
le corps moite ,collant, coulant,
sans le moindre effort pourtant
la couche en pagaille
qu’il faudrait essorer
tourner encore un peu
se résigner à se lever.
Je vais jusqu’au balcon
pour un peu respirer
regarder une voiture qui traverse le pont
pour toute agitation
rêver de plonger dans l’Ourcq
de dormir de dehors
mais les réverbères donnent à cette nuit
des faux airs de jours
je sens mes bras ballants
je sens ma tête tombée
le sommeil a fini par me retrouver
j’abdique sans y croire
je retourne m’allonger
je laisse à ma mémoire
le soin de me trouver
des sensations de fraicheur
des rêves d’humidité…

Je ne dors pas,
mais je ferme les yeux
il serait l’heure
mais mon cœur bat trop fort
je me laisse glisser entre les draps
la tête dans un étau de douceur
les lèvres humides
les doigts trempés
je goute
je sirote
je savoure dans un état semi conscience
dégagé mais sous le poids pourtant
je laisse aller
comme parlant un dialecte inconnu
j’articule tentant de réussir de nouvelles diphtongues
mais aucun son ne sort de ma bouche pourtant
mes mains tentent de nouveau langage
elles semblent se faire parfaitement comprendre
allant au but
touchant leur cible
pendant ce temps mon corps ne répond plus vraiment
je le sens ondulant
répondant aux douces pressions
comme pris dans une douce marée
je me laisse dériver
je me laisse me noyer
je manque d’air
mais je n’ai aucune envie de reprendre mon souffle

Les chevauchées.
Je ne dors plus vraiment
Je veille, je surveille
Je regarde du coin de l’œil mes affaires
Que je pose ça et là
Chaque jour dans un lit différent
Auprès de maitresses au sommeil plus ou moins lourd
Je ne connais même plus mes rêves
Je tente de me glisser dans les leurs
Résigner à ma propre disparition
Je ne cherche plus qu’à être dans leur tête
Tout est si décevant
Pourquoi continuer plus avant

Je ne vis plus vraiment
Je porte, je transporte
Je suis en perpétuel mouvement
Forcement vain
Chaque jour une nouvelle course
Sans plus de sens, de but et d’objectif
Je ne sais pas où je vais
Je tente pourtant d’aller droit
Comme pour aller de l’avant
Aspiré par une vague folle
Je me laisse porter
Tout est si facile
Je me sais déjà aspirer par le fond

Ataraxie.
comme un poisson
en silence dans un océan de solitude
une soudaine vague de tendresse
me ramène sur le rivage
j’avance à tâtons
sans savoir où je mets les pieds
soudain je me sens tomber
un étrange vertige
dans un gouffre de désir
plus tard
la tête contre le mur
les sens à l’envers
prisonnier
sans aucune porte de sortie
tant de mots
et pourtant le silence
les yeux grands ouverts
je sais ce qui se trame derrière ce mur
je sais les courbes
je sais les formes
je reste sans voix
je laisse faire mes doigts
ils parlent pour moi
je ferme les yeux
imagine le gout salé
je me laisser glisser
allongé à même le sol
sans pudeur
sans défense
ne reste que le plaisir
plus rien d’autre n’existe…

No surprise.

Parfois non
rarement oui
le plus souvent le silence imposant
tout est boucle
au même point
y revenir
s’y plaire presque
ne jamais s’éloigner
pas plus loin qu’un bras tendu
incapable de reprendre sa respiration
a la recherche d’un sens
d’une flèche providentielle
essayer encore pourtant
connaitre tous les chemins
toutes les routes
toutes les destinations
puisque tout tourne en rond
revenir sans cesse
tout devient exploit
le quotidien en lutte
tout lâcher
ne rien saisir
il n’y a plus rien à prendre
il n’y a plus rien à faire
il ne faudrait plus en rester là
de jour
comme de nuit

Pas d’espace avant,
un espace après.
.
Un point.
Un détail.
Un point de détail.
Quasiment rien.
Quasiment seulement.
Un point c’est tout.
.
En interrogation.
En exclamation.
En suspension.
Ne pas doubler.
.
Une fin de phrase.
Le début d’une autre.
Ou un saut de ligne.
De paragraphe.
De chapitre.
Un point final.
.
Eclaircir.
Dans la mire.
Pour atteindre son but.
Les tenants.
.
Un point serré.
Tourner la page.
Achever.
Débuter.
De nouveaux mots.
Ne pas noter le score.
.
Un point
Dot
.

Vacances.
Allongé au bord de l’eau chlorée
ne penser à rien
juste se laisser faire
plus rien n’importe
sentir la chaleur sur tout son corps
qu’importe les rougeurs du lendemain
la tête vidée
parfois une main frôlant l’eau
rien à me reproché
le soleil le sol, moi entre
inconscient de tout danger
je regarde une fourmi se perdre dans ma serviette de bain
tout est débranché
l’extérieur n’existe plus
un vague souvenir
a peine un bruit au loin
a moins que cela ne soit simplement mon souffle
tout pourrait s’achever ainsi
laisser les autres aux délits imaginaires
aux sentiments non avoués
aux deuils difficiles à porter
aux chances que l’on ne se laisse plus
plus d’autres,
plus de ‘elle(s)’,
plus de ‘lui’,
plus de ‘eux’
juste seul
juste rester allongé
deviner le soleil à travers les paupières closes
sentir sa chaleur
séparé enfin de l’animal
juste se laisser faire
aucun muscle en action
comme liquide
juste rester allongé
juste bien.

Hardest Geometry Problem
In The World.

Sur le plan je suis du doigt des lignes,
des courbes, des droites, peu d’obliques
j’imagine le périple, des aventures d’extravertis
pris entre deux averses
je m’extirpe, je déracine
pour mieux trainer la nuit
je babille, je confabule
oubliant le b.a.ba, je reste sage et d’aplomb
mais je perpétue le dogme
suis le code, jusqu’au frisson
pair, voilà que je passe
je tombe pour perte et profit
au premier mot je débaroule
comme courir lentement
je paresse activement
je m’active nonchalamment
je sais qu’il est un peu facile
de laisser filer les fils, vanter le vent
je raccourci, je sloganise
entre deux pilules pour guérir
le corps, le cœur et l’âme
et ce drôle de goût dans la bouche m’incommode
je n’entend plus sans être sourd
je contemple lascivement
je ne crois plus vraiment aux histoires qui m’endorment
mais je les raconte encore
personne n’est vraiment dupe
tout est dans la combine
jusqu’au soir funeste où les mots seront dit
mais je ne veux pas devancer l’appel
la vérité m’épuise
les faits n’ont pas d’humour
et je ne suis pas d’humeur
alors je garde encore un peu de plaisir
bercé par la petite musique des insomnies

The Barber.
Dans la pure tradition de Perec, j’ai commencé à écrire un texte dont chaque phrase commençait par Je ne XXX pas. J’aime les litanies, les répétitions, les mêmes phrases, les mêmes sonorités, les mêmes allitérations, les mêmes redondances, les mêmes consonances, les mêmes refrains, les mêmes noms, les mêmes momies mentalement…
Mais au bout de quelques lignes j’ai été désespéré par ma propre prose (j’ai renoncé au vers il y a longtemps déjà), je me suis dit mais pourquoi faire la liste de tout ce que je ne XXX pas. — Pour un peu plus de clarté je me dois de dire ce qu’il se cache derrière ce tripe X, disons qu’il y était question de tout ce que je ne ferais plus, par manque de temps, par manque d’ambition, par manque de talent, par manque de motivation, par manque d’opportunité, par manque de mot, par manque d’envie, par manque d’opportunité, bref tant de manque que j’ai fini par oublié ce que j’avais. Je regardais derrière avec seulement des regrets sans grande foi pour l’avenir, j’ai oublié que ‘Past is past’. — Quand Word m’a demandé si je désirais enregistrer les modifications apportées à document 1, j’ai répondu ‘non’. Pour une fois faire preuve d’optimiste, se dire que tout ne sera pas pire, que le meilleur est devant, balayer d’un clic de souris les regrets, les occasions manqués, les histoires ratées et se dire que finalement demain sera meilleur ou quand tout cas qu’au jour d’aujourd’hui (mon dieu que c’est laid) je n’en sais rien, et qu’en plus personne sur cette terre et même ailleurs n’en sait rien. Je sais que cela ne sert à rien d’espérer puisqu’en général comme le dit le pied de page de mon blog tout s’arrange même mal mais je sais aussi que les règles sont là pour être transgressées. Donc ce soir, je me fausse compagnie, et sans savoir vraiment pourquoi, sans raison valable, sans fait objectif, je sens poindre en moi une pointe d’optimiste. Mais je calme mes ardeurs et je sais au fond de moi que demain tout redeviendra à la normale : life is not a cake. Alors je me dépêche de profiter de ce soir où je souris bêtement et où je me dis que tout ira bien, que tout ira pour le mieux, et j’en aurais presque hâte de découvrir la suite…
To be continued

Sous l’œil du vautour.
Je soupèse chaque mot comme je me cache derrière mon petit doigt
j’imagine des couteaux quand je ne vois que des reflets lointains
j’imagine la beauté dévoilée plutôt que dévoyer
je m’échine à rétablir des lignes,
puisque l’instant d’avant j’ai perdu le fil
se mettre à détester les faits objectifs
clamer qu’il n’y a pas de vérité, et pourtant
sous peu il n’y aura rien à faire
sous peu il ne restera que moi
dans les chimères et les travers
comme on hurle seul dans les bois
mais tout revient sur le bon chemin
(le bon est l’habitude)
alors je dicte en évidence
je sais ce que je sais
malgré tout un peu surpris de voir que je savais déjà
mais j’ai toujours oublié vite
je ne sais que me faire piétiner par la douceur
je ne tiens pas sur mes jambes
mon jeu n’est pas musclé
je n’ai pas les formes