Paris le 26 mai 2011
Ma petite Maman chérie,
Mon tout petit frère imaginaire adoré,
Mon petit Papa aimé,
Je vais mourir !
Non, ce n’est pas vrai, enfin si, je vais mourir un jour, mais je n’ai pas encore en ma possession d’informations complémentaires à ce sujet, j’essayais simplement d’attirer votre attention. Comme vous le savez sans doute j’ai quitté ma Franche Comté natale et bien aimée pour une ville plus septentrionale : Paris ! Cela va bientôt faire bientôt deux ans que j’ai effectué cette migration et je me rends compte que je ne vous ai donné aucune nouvelle, pas un coup de fils, pas une lettre, Rien. Je vous ferais toutefois remarquer que vous aussi vous avez été assez pauvre en nouvelle, le fait que j’ai changé d’adresse et de numéro de téléphone ne fournit pas en soi une bonne excuse.
Mais laissons là les vaines querelles, je ne veux pas faire de grabuge, je vous adresse cette lettre en paix, en signe d’apaisement. Ne voyez là, ni malice ni maïeutique, mais simplement le devoir d’un fils.
Permettez-moi d’abord de vous adresser mes meilleurs vœux pour 2010 & 2011, car je n’ai pas eu l’occasion de le faire. J’espère sincèrement que tout va pour le mieux pour vous tant moralement que physiquement — tant qu’on a la santé, comme dirait l’autre !— j’espère que l’hexakosioihexekontahexaphobie de Papa n’a pas trop progressé, d’autant que la fin du monde est proche, et que l’antéchrist est parmi nous, quant à toi Ma petite Maman, j’espère que tes problèmes de glomérule sont derrière toi. Moi ça va, j’ai bonne forme certes avec le temps je deviens un peu ventripotent (mais ce n’est pas papa qui pourra me le reprocher), j’ai enfin résolu mes problèmes d’hémorroïdes depuis que je ne pratique plus la sodomie à sec, c’est un des avantages à la vie d’anachorète que je vis ici. Comme le disait si justement Friedrich Nietzsche : Souffrir de la solitude, mauvais signe ; je n’ai jamais souffert que de la multitude… Et Paris est vraiment la ville de la multitude, multitude de choses à faire, multitude de spectacles, multitude de symposiums, multitude de gens, multitudes de rues, multitude de tout. Ayant toujours été incapable d’effectuer un choix je reste cloîtrer chez moi entre deux métros, ce qui a pour conséquence une consommation extrême d’anti-transpirant. Je passe donc mes journées le plus souvent seul à la maison, la vie est si chère ici que je ne me nourris plus que de patates, de pates et de pizzas le tout conglutiner grâce à de la sauce tomate, que je réchauffe au chalumeau, la petitesse de mon appartement, studio, chambre, placard ne me permet pas plus d’équipements, j’apprends à me passer de tout. Mais j’avoue que la nuit dans mon petit lit vide, mon Popple dans les bras pour toute compagnie, je rêve aux grenouilles à la ciboulette de Maman que je dévorais quand enfant je rentrais d’une épuisante chasse aux ragondins sur le monticule.
Fichtre, je me rends compte que je dresse un portrait assez peu flatteur de la vie que je mène ici, rassurez-vous tout va bien et je m’adapte parfaitement bien à la vie citadine post-moderne & pré-apocalyptique qui est mienne. J’ai des activités qui m’épanouissent totalement, je compense l’absence de toute vie sociale en postant des dizaines de commentaires rageurs par jour sur le blog de Morandini et plus ponctuellement sur graphism.fr, je m’adonne toujours au bilboquet et reste définitivement et plus que jamais trottoiriste*. Bref si je peux me permettre l’expression c’est l’éclate totale, et je n’échangerais ma vie contre rien au monde pas même contre une vie de milliardaire dans château angevin ou celle d’un simple quidam dans une ville normale. Non tout va bien, je vous le garantis ! Tout va bien ! Tout va tellement bien que je suis même prêt à le répéter : Tout va bien !
Il est grand temps pour moi de conclure cette lettre d’autant plus que j’entends mon voisin rentrer et que bientôt je ne pourrais plus écrire à cause de la musique qu’il met si fort que tout tremble ici.
Je vous embrasse fort, fort, fort et le comme dirait papa « Corneculdelamèremolle ! Remets la petite sœur ! Macarel de Caramba ! »
Votre Fils qui vous aime.
PS : Si vous n’êtes pas contre l’idée et que vous ne sous-louez pas ma chambre d’adolescent, j’aimerais venir passer deux ou trois jours en votre compagnie cet été… ou même plus… ou peut-être que je pourrais rester une semaine ou deux… ou même plus… Voir même un mois ou deux… ou même plus… ou peut-être que…
*Trottoiriste : (adjectif et nom commun) : Homme aquoiboniste qui a tendance à s’asseoir par terre et à attendre que le temps passe.
Hymne du Trottoiriste : Alain Souchon – S’asseoir par terre
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué / J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Contraint ?
Hier sur twitter je disais : Amis de tweeter, si tu veux jouer, tu réponds un mot et je m’engage sur l’honneur à l’utiliser dans un futur post de mon bloug ! #oulipo
J’ai dit la même chose sur Facebook parce que je me répète…
En gras dans ce post oulipien donc, se trouvent les mots qui m’ont été soufflés par : Geoffrey D, Alan H, Michel F, Marina C, Nicolas B, Vivien M, Bob W, James De Chez Ottoprod, Nicolas N, Philippe B, June, Jean-Louis R, Nathalie M, Steven L’H, Hippocampe 2.0, MaPi Yote via Facebook mais aussi : Ameriquebecoise, _maid_marion, CgXxX, Lunem, ChrFarmer, shark_y, parpaing, tiwouam via tweeter, qu’ils en soient remerciés !