8 janvier 1996, j’ai vingt ans.
Je suis objecteur de conscience, dans l’ancienne salle de classe qui me sert de bureau, un petit poste de radio est branché en permanence sur France Inter (déjà), lors d’un flash info j’entends A 79 ans, François Mitterrand est mort, cette phrase me plonge instantanément dans un abysse de tristesse, sans que je ne sache vraiment pourquoi.
A vingt ans, je n’ai connu que Mitterrand comme président de la république, en cours d’Education Civique on parlait de lui, de comment il était élu, c’est sous ses mandats que je me suis éveillé à la chose politique, bien aidé par le traité de Maastricht & la cohabitation avec Balladur…
Je me souviens des réveillons du nouvel an au fin fond de la Bourgogne, où à vingt heures tout les adultes se figeaient en silence un verre de champagne à la main pour l’écouter parler, moi je ne comprenais pas grand chose, jusque que je devais me taire et écouter.
Je me souviens de mes parents qui m’ont raconté que le 10 mai 1981, après sa victoire ils ont ouvert le champagne pensant que les lendemains désormais aller chanter, puis comment de jour en jour est venue la désillusion, la résignation…
Voilà sans doute pourquoi j’étais si triste ce 8 janvier 1996, mon enfance se refermait pour de bon et avec elle disparaissait l’espoir d’un monde meilleur.
Bonus
Le coup de Jarnac Jean-Louis Murat (1998)
Quel est ce deuil sur nos âmes
Un mammifère sur le chemin
Un impromptu immémorable
Dans l’antichambre du destinDans le pays quelle chamade
Pour la mort d’un florentin
Quel est ce deuil sur nos âmes
Quel est ce deuil qui nous tientCharmé par le souci de l’âme
Comme Osiris, chacun vient
Toucher l’éventail de flammes
La truffe du labrador câlinC’est à Nation, la communarde
Qui pleure à la fin du roman
Heure où chacun est de passage
Où se dénoue le grand tourmentVoilà le vertige peu banal
Du lièvre qui va à pas lents
Comme une idée où je voyage
Entre délices étincelantsCe soir, un peuple, seul à la table
Éprouve un désir très chrétien
Pour l’idée vierge, la clocharde
Que tu connais, que tu connais enfin
Quel est ce deuil sur nos âmes
Est-ce bien le deuil auquel tu tiens ?