L’écriture c’est comme la pratique d’un sport : sans entrainement on régresse (une sorte de variante du fameux Sans travail le talent est une sale manie.). Si le muscle n’est plus sollicité régulièrement, c’est à la limite douloureux de le faire fonctionner. On perd la facilité, les routines, l’habitude et cela devient un véritable effort. Et comme l’homme par nature est paresseux — si si promis, sinon pourquoi aurait-on inventé tout ces outils pour nous ‘faciliter la vie’ — on préfère ne pas faire d’effort et se laisser glisser doucement dans une flemme et se libérer de toutes activités superflues, comme l’écriture.
Voilà donc où j’en suis.
Je suis un homme.
Je suis paresseux.
Je n’écris plus.
Evidemment je sers toujours la même réponse pour me dédouaner, tout serait histoire de temps.
Non mais avec la vie que j’ai, toujours à courir, entre un métro, un travail & une vie à avoir, tu comprends, je n’ai pas le temps, c’est chaud !
Evidemment je mens.
Le temps est la meilleure excuse quoiqu’il arrive, je m’en sers aussi pour expliquer pourquoi je ne lis plus, pourquoi je ne fais plus de compil, pourquoi je ne…
J’ai inconsciemment renoncé à écrire. Même au travail mes mails sont de plus en plus laconiques. Ok – D’accord – Très bien. Ailleurs je n’écris quasiment plus de mail. Je me contente des cent quarante caractères de Twitter®. Je ne suis plus que dans l’éjaculation précoce de vannes rapidement écrites, rapidement oubliées, avec un taux faute d’orthographe/mot assez inacceptable. J’ai laissé tomber les préliminaires, la séduction, la construction de texte, la longueur, je ne tiens plus la distance. Je n’écris plus.
Avant j’avais toujours dans ma veste ou dans mon sac un petit carnet, où je notais des phrases, souvent je m’arrêtais à la terrasse des cafés et noircissais des pages entières, qu’ensuite, parfois, je prenais la peine de retranscrire ici, assez rarement en fait, j’ai presque assez de textes dans mes différents carnets pour maintenir ce blog à jour pendant dix ans encore je pense, mais ils sont le reflet d’époques révolues, de sentiments disparus, donc à quoi bon, d’ailleurs je ne le relis jamais et honnêtement je doute de leur qualité. Bref, aujourd’hui je n’ai plus de carnet, à la place j’ai un Blackberry®, qui diffuse un flot continue de musique et d’informations via Twitter®, via Facebook®, via des fluss rss,via Gmail®, via Exchange®… ma tête n’est plus libre, je ne suis plus dans le monde qui m’entoure je suis dans un ailleurs qui n’existe pas, dans un monde virtuel peuplé de buzz, de clash et des mots (maux) des autres. Comme si la technologie m’avait rendu paresseux et tué mon imaginaire. Être dans un autre monde comme pour exister aux yeux des autres, ne pas être dans la multitude anonyme, exister. Alors que l’écriture est une activité solitaire et souvent sans retour, une activité égotique (en tout cas comme je la pratique).
Et si je n’écrivais simplement plus parce que je ne m’intéresse plus ?
Le sous titre de ce blog a toujours été Ma vie m’intéresse, il est peut être temps de revenir au fondamentaux ou de renoncer. D’ailleurs certains des mes amis que je ne nommerais pas pour ne pas leur faire de la publicité car en plus Dom déteste la publicité, considère que j’ai de toute façon je tourne en rond sur ce blog depuis environ Octobre deux mille quatre.
La semaine prochaine je vous expliquerais comment je m’abêti.
EDIT
A la relecture je m’aperçois que la conclusion peut laisser croire que je suis d’accord sur le fait que mon écriture est avant tout un intérêt pour moi-même. Et que que je suis en train de passer à autre chose. Ce n’est pas vraiment le cas. Je me désole simplement sur le fait que j’ai trouvé tout un tas de prétextes forcement fallacieux pour ne plus écrire. Et c’est dommage.