Blind.
J’écris des mails auxquels on ne répond pas
je ne réponds pas à ceux que l’on m’envoie
je m’enrubanne pour rien, je meurs de chaud
je meurs de froid, tout est tiède et sans vie
je ne sais plus me lever sans trébucher
je m’éprends pour la quinzième fois
me méprends constamment
sans mettre le temps à profit
je feins l’indifférence pour ne pas voir l’insensibilité
je fuis à toutes jambes
j’accélère dans les impasses
je ne regarde plus derrière
j’ai rencontré tant de gens
oublié autant
tout se délabre
l’eau fuit toujours un peu plus
le papier peins se fait la malle
on me menace
on me prévient
sans que je n’y comprenne rien
Ce commandement reproduit effet
qu’un mois après un commandement demeuré infructueux.
Ce commandement reproduit, à peine de nullité
des dispositions du présent paragraphe.
Plus rien ne bouge, plus de vent
plus de mouvement plus personne
pour taper les ampoules
même les oiseaux ont tourné le dos
les cheveux dans les yeux, je ne vois plus rien.
je ne vois qu’une chose, je ne vois que l’invisible
je n’entends plus que le La
(…)
[Making Off]
La phrase suivante aurait dû être « Je sors et je m’ennuie, je traine et je m’ennuie », j’étais assez fier de ma formule, je me disais ça sonne bien et pour cause, « ça a déjà eu lieu », certains chanteurs sont pénibles à écrire ce que l’on voudrait dire avec vingt trois ans d’avance. Du coup ça m’a coupé les doigts, plus rien n’est venu après ça.
Je vis dans un mois de juillet
sous-titré pathétique
où des héroïnes en anglais
me rendent romantique
je sors en chialant des cinés
puis je cours Rue Montlosier
donner mon sang pour l’AfriqueJe vis une journée d’ennui
je te cherche et je m’ennuie
je vis une journée d’ennui
je traîne et je m’ennuieQuand les écrans sont vidés
de tout poil de toute griffe
l’éléphant blanc est déchaîné
mon bouton doré l’excite
je sors en hurlant des cinés
puis je cours Rue Montlosier
donner mon sang pour l’AfriqueJe vis une journée d’ennui
je traîne et je m’ennuie
je vis une journée d’ennui
je te cherche et je m’ennuie
je vis une journée d’ennuiJe traîne et je m’ennuie – JLM (1984)